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08/02/2015

Vers la guerre contre la Russie ? Ce que dit Biden

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"Nos ennemis" sont Poutine et Assad.

Les djihadistes  ne sont qu'un problème mineur : 


 

Qualifié de « leader fort et expérimenté » par Mme Clinton, le démocrate Joseph Biden - aujourd'hui vice-président des Etats-Unis -  a un côté simplet. En 1999, il s'allie à son ami le républicain McCain (autre boutefeu) pour voter l'attaque contre la Serbie  parce que « Milosevic menace le monde libre ». En 2003 il soutient l'invasion de l'Irak, parce que « Saddam », lui aussi, « menace le monde libre ». En 2008, pendant la campagne présidentielle d'Obama dont il est le colistier, il proclame inévitable une épreuve de force entre le futur président et « le monde ». La même année, il soutient le président géorgien Saakachvili dans son bombardement de l'Ossétie du Sud, entreprise qui entraîne une réplique de l'armée russe. En 2015 il croit tenir l'épreuve de force tant souhaitée : c'est la ténébreuse affaire d'Ukraine, prétexte à une posture américaine de guerre contre la Russie. Posture dans laquelle Washington entraîne l'Europe...

Revenons sur la page d'entretien accordée au Monde (6/02) par Biden. Elle est instructive, de la part d'un homme que Mme Clinton qualifie pourtant de « leader fort et expérimenté ».

 

Biden et la Russie 

 

JB nous raconte l'Ukraine à sa manière :

<< Ce conflit a été directement cause par l'agression russe... >>

Faux ! Ce conflit a été « directement causé » par le pouvoir kiévien issu du putsch de Maïdan (en violation des accords démocratiques signés trois jours plus tôt sous le patronage des Européens) ; putsch réalisé contre le gouvernement légal (très critiquable mais régulièrement élu) ; putsch ouest-ukrainien qui ne cachait pas sa haine envers les Est-Ukrainiens russophones. Cette haine s'est concrétisée dans des lois discriminatoires dès les premières heures du nouveau pouvoir kiévien ; un pouvoir appuyé et très infiltré par l'extrême droite russophobe ouvertement nostalgique de 1941. Or 1941 est une époque dont les Est-Ukrainiens se souviennent aussi très bien (mais dans le camp adverse) : d'où l'indignation immédiate dans le Donbass, suivie d'une insurrection progressive ! Il était inévitable que cette insurrection soit ensuite exploitée par Moscou. Mais la faute à qui ?

<< La Russie cherche à modifier par la force la frontière de l'Ukraine... >>

Outre le contexte décrit ci-dessus, rappelons trois données factuelles : 1. l'Ukraine n'a pas de frontières historiques, étant un espace austro-polono-russe à l'origine  ; 2. l'Ukraine indépendante n'existe que depuis 1991 ; 3. la Crimée peuplée de Russes n'a été rattachée à la RSS ukrainienne qu'en 1954, par un oukaze de Khrouchtchev : rattachement incohérent qui n'était viable que dans l'ensemble soviétique...

<< Les séparatistes soutenus par Moscou ont commis des exactions inacceptables à l'encontre de la population civile... >>

Pourquoi les gens du Donbass commettraient-ils volontairement des « exactions » contre eux-mêmes ? Ce que l'on voit plutôt, mais dont M. Biden ne parle pas, c'est le rôle des bataillons de volontaires nationaux-socialistes* kiéviens. Venus d'Ukraine de l'ouest pour « casser du Russe », ils se sont livrés à des massacres dignes d'une épuration ethnique dans un certain nombre de localités. (Consulter à ce sujet les médias allemands, italiens, voire britanniques. Leurs homologues français font le silence total).

<< Les Etats-Unis sont très largement engagés sur le plan diplomatique. Je me suis personnellement entretenu avec le président Porochenko et le premier ministre Iatseniouk plus d'une trentaine de fois... >>

La diplomatie ne consiste pas à se tenir aux côtés d'un des deux adversaires. Elle consiste à parler avec les deux camps ! Ce que pratique M. Biden n'est pas la diplomatie, c'est la guerre.

<< La Russie refuse tout simplement à l'Ukraine le droit de décider de son propre avenir, et ça, nous ne pouvons le tolérer... >>

Pour juger de cette déclaration, souvenons-nous que Washington travaille depuis dix ans à tourner contre Moscou les pays qui l'entourent. Et imaginons quelle serait l'attitude du belliqueux M. Biden si une puissance étrangère travaillait à retourner contre Washington le Mexique, le Canada, voire les Caraïbes : souvenons-nous de l'invasion américaine de la minuscule Grenade en 1983.

<< Comme je l'ai précisé en 2009, ''nous n'admettrons pas qu'un pays se ménage une sphère d'influence... >>

Phrase inouïe, de la part du vice-président d'un pays qui impose sa propre « sphère d'influence » par tous les moyens ! M. Biden envisage-t-il une guerre pour interdire à la Russie ce que les Etats-Unis se permettent depuis cent ans ?

<< Le président Poutine a choisi la voie de la violation des normes internationales... Nous ne pouvons tout simplement pas accepter ce mépris flagrant pour les principes les plus fondamentaux du système international... >>

Infernal culot de M. Biden. On pense à l'invasion et à la longue occupation sanglantes de l'Irak. Ou à l'invasion de la très petite île indépendante de la Grenade, en 1983, pour écraser le gouvernement local « anti-américain »** ! (Intervention militaire très disproportionnée, sans aucun mandat international, et condamnée par un vote de l'assemblée générale de l'ONU). Quant à l'effroyable guerre du Vietnam, on aimerait savoir en vertu de quelles « normes internationales » elle fut menée.

  

Biden et le Proche-Orient 

 

C'est seulement en fin d'entretien que M. Biden aborde le sujet qui inquiète vraiment les Européens : le drame du Proche-Orient et ses prolongements terroristes. Et c'est pour soutenir, là aussi, une position étrangère aux réalités... Washington, dit-il, refuse de parler avec Bachar el-Assad car c'est lui qui constitue le problème, puisqu'il est « sous le coup de sanctions » comme autrefois Saddam Hussein. Ce que veut M. Biden, c'est « stabiliser les zones libérées » à l'aide des « éléments de l'opposition syrienne modérée dignes de confiance ». Je veux bien que M. Biden soit « fort et expérimenté » comme dit Mme Clinton ; mais tout le monde sait que l'opposition syrienne modérée n'existe pas, et que les armes qu'on lui livre passent aux mains de l'Etat islamique ou d'al-Qaida.

Quant à la lutte contre le djihadisme, c'est visiblement le cadet des soucis de M. Biden ! Interrogé à ce sujet, il répond très brièvement : 1. que le djihadisme n'est pas « une menace existentielle contre notre mode de vie »  (on ne sait s'il parle du mode de vie américain – qui n'est « pas négociable » comme disait GW Bush – ou de celui des pays occidentaux en général) ; 2. que la menace djihadiste relève tout au plus de l'échange d'informations américain avec « les pays européens » qui « comptent parmi nos plus proches partenaires ». C'est très désinvolte : faisons la guerre aux Russes, le reste est secondaire.

 

_______________

* Bataillons Azov, Aïdar, etc. Leur identité nazie revendiquée explique la motivation des rebelles à leur encontre, comme on l'a constaté notamment lors de la prise des ruines de l'aéroport de Donetsk par ces derniers. Si les Occidentaux ont tout oublié de la guerre germano-soviétique en 1941-1945, le Donbass, lui, s'en souvient avec force. Et il n'aime pas les insignes hitlériens des bataillons de Kiev... (Photo ci-dessous).

** « Pas un seul citoyen américain n'était en danger ou courait le risque d'être pris en otage avant l'invasion américaine » (Louis Stokes, membre du Congrès US). Photos ci-dessous.

 

Drapeau de volontaires ouest-ukrainiens

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Invasion américaine de la Grenade, 1983

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Commentaires

PRE-WAR

> Je dois dire que je suis terrifié, abasourdi par ce qu'il se passe avec la Russie et l'Ukraine (et la Syrie).
Je ne comprends pas (ou plutôt feins de ne pas comprendre) que les choses ne se disent pas plus (nous allions combattre contre Assad avec les "rebelles" ! avant de "soutenir" Assad... la France avait une flotte aux portes de la Syrie, conformément aux voeux du gouvernement US !). Je ne comprends pas la partialité française qui ne veut pas savoir la complexité de la situation ukrainienne.
La politique étrangère de la France (et des Etats-Unis) me glace le sang.
J'ai lu vendredi que le Pentagone avait enquêté sur l'état mental de Poutine (selon eux, il aurait le syndrome d'Asperger, d'où sa "difficulté à exprimer des émotions" et son "regard fixe" (!!!!)).
Il est vrai que dans un monde où ne vaut que l'émotion et où les "dirigeants" vont à la fois partout et nulle part, un type qui emploie des arguments est malade (cf. sa lettre, publié au NY Times, du 13/09/13).
Quelle condescendance !
Et les films "populaires" où les Russes sont "les méchants" se multiplient depuis une bonne dizaine d'années. Comme se multipliaient les films où les "Arabes" étaient plus ou moins discrètement "méchants" dans les années 80/90.
Tout cela tellement transparent que personne (ou presque, merci M. de Plunkett) n'ose en parler.
______

Écrit par : Virgil / | 08/02/2015

CONNEXION

> Je pensais que c'étaient les japonais qui avaient bombardé Peal Harbor.

DV


[ PP à DV - Biden le pense aussi. Son problème est la "brain-mouth connexion". ]

réponse au commentaire

Écrit par : DV / | 08/02/2015

> "after the Germans bombed Pearl Harbour"
???
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Écrit par : Pierre Huet / | 08/02/2015

HISTOIRE

> « leader fort et expérimenté » ?! Qui devrait réviser sérieusement ses cours d'histoire (de la Seconde Guerre mondiale) : « ... even the Germans bombed Pearl Harbor. » !
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Écrit par : Fondudaviation / | 08/02/2015

BIDEN

> "Les allemands ont bombardé Pearl Harbour" C'est une blague ! Il a quand même pas dit une pareille connerie !?

JB


[ PP à JB - Les lapsus de Biden font la joie des médias américains. Il avait aussi déclaré qu'Obama c'était un Afro-Américain "éduqué et propre sur lui". ]

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Écrit par : Joe Bide / | 08/02/2015

MENACE

> Les cons osent tout et c'est eux qui tiennent les rênes du pouvoir de nos pays ces jours-ci, malheureusement, et ce n'est pas partie pour s'améliorer.
Depuis son aide à la libération de l'Europe, quel conflit entamé par les États-Unis s'est-il soldé par une amélioration de la situation des populations locales ?
Pas la peine de vous fatiguer à chercher : AUCUN.
Les États-Unis sont la pire menace à la paix dans le monde et Obama leur dictateur en chef n'est pas moins un psychopathe dangereux que les Bush (Jr, Père & Co.)
______

Écrit par : Etienne / | 08/02/2015

OOPS

> After the german bombed Pearl Harbour ????
Il a dit ça ?

JM


[ PP à JM - Les lapsus de Biden font la joie des médias américains. ]

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Écrit par : Jean-Marie / | 08/02/2015

NULS

> A quelque chose malheur est bon.
D'apprendre qu'il ait pu prononcer une aussi grosse bourde, et qu'il y en ait eu d'autres, me permet de me sentir un peu moins démoralisée. Je croyais que seuls nos politiques français étaient nuls.
N'empêche que nous avons intérêt à prier pour la paix.
______

Écrit par : Bernadette / | 08/02/2015

"Les allemands ont bombardé Pearl Harbour"

> Pourquoi pas, après tout ? Il y a beaucoup de choses méconnues, dans l'Histoire. Ainsi, c'est parce qu'un avion français s'est livré à une opération de bombardement entre Karlsruhe et Nuremberg que l'Allemagne a déclaré la guerre à la France, le 1er août 1914 (c'est le motif officiel, si, si).
______

Écrit par : Feld / | 08/02/2015

SITES

> Je me permets d'attirer votre attentions sur les sites suivants :
http://www.les-crises.fr/
http://lesakerfrancophone.net/
http://www.dedefensa.org/
qui parlent de cette guerre en Ukraine et de la stupidité de nos dirigeants.
Si vous croyez ce que vous avez écrit sur ce billet, vous allez apprécier ces lectures.

DidierF


[ PP àDidierF - Nous avons cité ici plusieurs fois le site Les Crises. Ainsi que De Defensa, que je connais de longue date (je recevais même la version papier).
En revanche je ne connais pas lesaker.francophone.

(Je ne "crois" pas ce que je rapporte : je le tiens de sources factuelles). ]

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Écrit par : DidierF / | 08/02/2015

PERSPECTIVE

> Je me demande comment les Etats-Unis comptent faire pour gérer une guerre "chaude" avec la Russie, qui ne dégénérerait pas en conflit nucléaire...
Ceci dit, je suis en train de me poser une question : des deux scenarii suivants, lequel emporterait-il le plus de conséquences sur le long terme (100-200 ans), écologiquement parlant ?
1/ la continuation de notre modèle actuel de "développement", avec les suites prévisibles que l'on connaît ;
2/ la disparition brutale de la majeure partie des populations européenne et nord-américaine... par l'arme atomique ? ]

Feld


[ PP à Feld - Vincent Cheynet va vous dire que c'est une version inacceptable de la décroissance. ]

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Écrit par : Feld / | 08/02/2015

MOEURS KIÉVIENNES

> Les étranges DÉMOCRATES de l'ouest de l'Ukraine : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/02/08/97001-20150208FILWWW00152-ukraine-un-journaliste-pacifiste-arrete.php

"Si l'opinion de quelqu'un peut lui valoir des accusations de trahison et d'espionnage, nous allons nous éloigner très rapidement de la démocratie que nous voulons construire".
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Écrit par : JG / | 09/02/2015

PÉTROLE

> Les propos de Biden sont en effet effarants.
Sa perception de Daesh peut spécialement attirer notre attention. Quand un dirigeant américain dit que tel ou tel "ne menace pas le mode de vie américain", ça me parait signifier qu'il ne menace pas l'approvisionnement américain en pétrole. Qu'est-ce à dire? Washington aurait-il obtenu des engagements dudit Daesh en ce sens? A creuser,non ?
Et par ailleurs le « patriarche » ukrainien Philarète(Denisenko), considéré comme schismatique par les autres Eglises orthodoxes, s’est rendu aux États-Unis, où il a décoré John McCain et a demandé aux États-Unis des armes pour l’Ukraine... (source Orthodoxie.com hier ).
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Écrit par : girondin / | 09/02/2015

> "L’Égypte en passe de finaliser l'achat du Rafale" (lepoint.fr) S'ils le disent...
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Écrit par : Etienne / | 09/02/2015

cf Sites

> Le site "Saker francophone" ancienne mouture (jusqu'à mi-janvier) était une bonne ressource de traductions des grands discours de Poutine (dont divers blogs, apparemment, profitaient). En revanche, il y avait quelques textes bizarroïdes anti-sionistes par-ci, par-là.
Le site a fermé du jour au lendemain, sans plus d'accès possible aux documents. Une nouvelle équipe a pris la place avec une présentation différente (révolution de palais ?).
Pour l'instant, je préfère consulter le Saker anglophone (The vineyard of the saker).
Le site "Colonel Cassad", en anglais, est une bonne source de renseignement pour tout ce qui est suivi des opérations militaires en cours (actuellement, ça bouge beaucoup) ; "dragon-first-1" publie des cartes détaillées.
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Écrit par : Réginald de Coucy / | 11/02/2015

L'ENGRENAGE DE LA GUERRE

> Est-ce que vous avez entendu l'ancien ambassadeur de France en Ukraine déclarer que la guerre contre l'Ukraine remonte avant l'intervention des européens et des américains ?

Albert


[ PP à A. :

- De quelle intervention parlez-vous, et parlait-il ?
- L'intervention américaine initiale a eu lieu avant et pendant le Maïdan, pour culminer dans le putsch de février 2014 contre le président - critiquable mais parfaitement légal - Ianoukovitch... (Cf les conversations téléphoniques de l'envoyée de la Maison Blanche).
- La guerre dans le Donbass a commencé bien plus tard. Il y a d'abord eu les insurrections dans plusieurs villes, réplique aux mesures discriminatoires prises à l'encontre des Ukrainiens de l'est par le nouveau régime de Kiev dès ses premiers pas. Ensuite, longtemps après, ces insurrections se sont cristallisées en opérations armées. Dont Moscou a évidemment profité, après avoir repris la province - russe - de Crimée.
- On ne peut pas parler "d'intervention européenne et américaine" :ce sont deux interventions différentes. Washington est le deus ex machina de Maïdan (comme il fut celui de la "révolution orange" qui remplaça un clan d'oligarques par un autre). Paris et Berlin, quant à eux, n'ont fait que réagir à la situation de crise créée par Maïdan : et avec insuccès car leurs tentatives diplomatiques sont sabotées par Washington qui ne veut pas la paix mais la déstabilisation.
Le succès européen de février 2014 (un accord d'élections anticipées signé par les opposants et Ianoukovitch) a été détruit, 48 heures après, par le putsch sanglant de Maïdan dont l'outil furent les milices (ouvertement nazies) de Pravyi Sektor. Ce putsch faisait partie du plan américain.
Il fut accéléré pour effacer le plus vite possible le résultat pacifiant de l'intervention européenne.
Où en est-on aujourd'hui ? A l'est, les bataillons nazis (Azov et Aïdar) sont là pour rallumer la guerre en cas de cessez-le-feu. Pendant ce temps, Washington envoie des bombardiers en Allemagne et en Pologne, en vue du grand affrontement Ouest-Est que le Pentagone et l'Otan prêchent de plus en plus fort.
C'est absolument contraire aux intérêts européens. Et c'est de la folie intégrale, disent les quelques têtes froides que compte encore la classe politique française : Fillon, Lellouche, Mariani, Védrine dans ses bons jours, quelques autres... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Albert / | 11/02/2015

Les commentaires sont fermés.